Death + Disco = DEATHCO

Il y a des noms qui reviennent souvent au Hungry Bug... Et si vous êtes de fidèles clients, vous avez sans nul doute remarqué qu’Atsushi Kaneko était régulièrement cité parmi nos auteurs favoris !
Nous lui avons d’ailleurs consacré un article au sujet de sa dernière parution Française, Search and Destroy :

Aujourd’hui, nous allons faire un bond de quelques années en arrière pour vous parler du diaboliquement délicieux, Deathco !

Pourquoi ce manga en particulier étant donné la bibliographie plutôt fournie de l’auteur ? Et bien parce qu’il s’agit, selon moi, de son oeuvre la moins « étrange » et par conséquent, la plus accessible par un lecteur qui ne serai pas forcément prêt à plonger dans l’univers barré de l’auteur.
J’aurai pu vous parler de Bambi, qui est d’une certaine manière, son pendant Rock-Garage, sauf que ce manga est malheureusement introuvable en France à un prix décent… Du moins, jusqu’à ce qu’IMHO daigne enfin sortir la version Remodeled du manga.
Donc autant vous parler d’un ouvrage encore édité et que, bien évidemment, vous vous empresserez de vous procurer après avoir lu cet article.

Oui, je vous braque un flingue sur la tempe pour vous forcer à l’acheter et alors ? Je suis sur que vous me direz merci après l’avoir lu !

Le manga se déroule dans un monde plus ou moins, semblable au notre à l’exception qu’il fourmille de tueurs à gages, surnommés Reapers. Véritables machines à tuer, c’est « la guilde », une organisation aussi secrète que mystérieuse, qui leur attribue leurs cibles.
Les gros contrats étant peu nombreux, il n’est pas rare que plusieurs Reapers se retrouvent à chasser le même gibier. Ce qui donne lieu a un joyeux bordel sanguinolent ou chacun ne manquera pas de mettre des bâtons dans les roues de ses concurrents afin de parvenir à ses fins ! Et ce, pour la simple et bonne raison que la récompense ne sera délivrée qu’à celui qui infligera le coup fatal.
Vous, vous rendrez compte d’entrée de jeu que Kaneko fait du Kaneko et ne perd pas une seconde pour vous plonger la tête la première dans son univers décalé.

La jeune Deathko campe le personnage principal du manga. Elle compte parmi les meilleurs Reapers et sous ses airs de gamine dépressive grimée façon goth, elle compte parmi les assassins les plus talentueux qui soit. Armée de divers gadgets tout aussi inventifs que meurtriers, c’est une guerrière cruelle et sans pitié qui cache néanmoins un profond mal être.
Quand elle n’est pas sur le terrain à trancher à tout va, Deathko reste cloitrée dans le sous-sol d’un immense château, situé au sommet d’un haut promontoire rocheux. Elle est partagée entre la conception de nouveaux ustensiles létaux et un profond apitoiement sur sa propre personne, déclarant à qui veut bien l’entendre, qu’elle déteste le monde entier. Il n’y a que dans le meurtre que la jeune fille s’accompli. Une dualité que l’on retrouve dans sa couleur de cheveux ainsi que dans son maquillage.

Deathko me rappelle dans un certain sens, ces Hikkikomoris qui restent confinés chez eux et ne sortent qu’en cas d’extrême nécessité. Ce sont des individus en marge de la société, incapable de se sociabiliser avec qui que ce soit.

En outre, il est très plaisant (c’est de toute manière, habituel chez cet auteur) de voir une héroïne qui n’est aucunement sexualisée. Amateurs de Lolligoths, passez votre chemin. Ici, nous avons à faire une psychopathe, peu portée sur l’hygiène (comme la plupart des héroïnes de Kaneko) et dépourvue du moindre artifice susceptible d’entraîner un certain fan-service.

Il se trouve que le meurtre, est l’unique raison qui pousse Deathko à sortir de chez elle… Il n’y a que dans les assassinats qu’elle s’épanouie pleinement… Vous ne verrez sa bouille se fendre d’un large sourire que lorsqu’elle égorgera ses victimes de ses lames aiguisées.

Néanmoins, Deathko ne vit pas tout à fait seule. Bien que les interactions avec sa colocataires soient plutôt rares.
La jeune fille partage sa vie avec une femme aussi étrange que sa corpulence est imposante. Nous ne savons pas grand chose à son sujet (du moins au début) si ce n’est que c’est elle qui transmet les contrats à Deathko.
Petite particularité d’ordre culinaire, ces deux femmes ne se nourrissent essentiellement que de pizzas… Au grand dam des livreurs, obligés de se rendre en ces lieux peu commodes… À leurs risques et périls !

Vous le conviendrez, le scénario n’a rien de transcendant. L’on y suit principalement Deathko, essayant tant bien que mal de mener à bien ses missions d’assassinats. Néanmoins, en de rares moments, l’auteur s’attardera sur d’autres Reapers dans leur course à la victoire. Ce sont des parenthèses intéressantes qui donnent du relief à l’histoire et de la profondeur à son univers. Pas de quoi vous décrocher la mâchoire mais Kaneko nous offre tout de même quelques twist sympathiques, notamment sur la dernière partie du manga. Mais là où Deathco tire vraiment sa force, c’est dans son ambiance. Ça suinte le rock, ça dégouline de punk et ça hume le gothique poussiéreux, tout droit sortit de sa batcave ! On a parfois l’impression d’être en plein Gotham City après une évasion massive des patients de l’asile d’Arkham.

Et puisqu’on en parle, Quid des autres assassins?

Arborant chacun un look qui leur est propre, on se retrouve avec une galerie de personnages tout droit issu d’un musée des horreurs. Si vous cherchez des idées de déguisements pour Halloween, Deathco peut être une bonne source d’inspiration !
On sent que Kaneko s’est éclaté à les dessiner. Ce dernier a allègrement pioché dans la pop culture tout l’agrémentant de sa petite touche personnelle. Pour les amateurs de Lovecraft, l’un des personnages doit d’ailleurs le design de son arme au légendaire Chtulhu. La référence m’avait semblé on ne peut plus évidente mais dans le doute, j’ai eu l’opportunité de pouvoir le lui demander en personne ce qu’il s’est empressé de me confirmer par l’affirmative.

Le trait d’Atsushi Kaneko est toujours aussi dingue. Je trouve que Deathco marque clairement le renouveau de son coup de crayon, qui se poursuivra sur Search and Destroy et actuellement sur EVOL. Une évolution que l’on doit à son nouveau support de travail. Au cours de la parution de Deathco, l’auteur est passé sur tablette, ce qui lui permet de gagner du temps et j’imagine, d’oser beaucoup plus de choses que sur un support papier. J’aime rappeler d’ailleurs, qu’Atsushi Kaneko dessine seul, sans le moindre assistant. Et quand on voit la finition de ses planches, c’est une vraie prouesse.
Pour finir, je trouve que l’on n’a jamais autant ressenti l’influence Suehiro Maruo que dans Deathco… Certaines planches me sont d’ailleurs apparues comme de véritables hommages, non-déguisés, au maître de l’Eroguro.

Si Deathco était un film, ce serai l’enfant illégitime d’une production commune entre Tarantino et Rob Zombie. Un joyeux bordel d’horreur psychédélicodérangée!
Ce mot n’existe pas ? qu’importe, vous êtes ici dans ma cuisine !
Deathco, c’est violent, ça tire dans tous les sens, sans jamais tomber dans le gore bête et méchant. Rien n’y est gratuit et sert le propos de cet univers vérolé et nécessiteux d’employer des Reapers pour y remettre un peu d’ordre.

Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire. Deathco ne s’étale que sur 7 tomes (économies mes amis) et qui, de surcroît, défilent à vive allure !
Donc vous allez me faire le plaisir de vous rendre chez votre Libraire afin de vous procurer l’intégrale ! Surtout que je doute qu’elle soit encore disponible très longtemps !

Et si l’expérience vous plait, je vous invite urgemment à lire ses autres mangas et/ou recueil d’histoires courtes.

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